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L'installation de la maison des esprits
Il y a quelques temps, dans notre lotissement "Life Garden Home", nous avons assisté à la cérémonie d'installation de San Phra Phum ( ศาลพระภูมิ ) la "maison des esprits".
C'est une tradition animiste à laquelle les thaïlandais attachent une grande importance et qui relève de superstitions très anciennes. Le culte des esprits est toujours fortement ancré dans la mentalité thaïlandaise.
Les pra phum ( พระภูมิ ) ou chao thi ( เจ้าที่ ) sont des bons génies, considérés comme les gardiens du sol, des champs, des arbres, des maisons, etc... Protecteurs, ils sont distincts des phi ( ผี ), esprits malveillants et voyageurs. Les chao thi (qui se traduirait par "seigneur du lieu") sont justement chargés de tenir à distance les phi qui, sans cela, amèneraient malheurs et désolation dans leur environnement.
Ainsi, les habitants d'un lieu doivent ériger une petite "résidence" pour héberger les esprits chao thi qui les protégeront.
Cette "maison des esprits" est une sorte de petit temple ou maison traditionnelle en miniature, placée sur un pilier. Les résidents ou visiteurs de passage y apporteront des offrandes (fleurs, encens, boissons, nourriture) pour s'assurer de la bienveillance du chao thi.
(J'aurai l'occasion de vous en reparler plus en détail).
Vous avez remarqué qu'il y a en fait deux "maisons" distinctes et de modèles différents :
- San Phra Phom (ศาลพระพรหม), la plus grande, assimilée à un petit mausolée et qui accueillera la statue du dieu hindouiste Bhrama
- San Phra Phum (ศาลพระภูมิ), la plus petite qui accueillera des miniatures, censées personnifier les "esprits".
Ces croyances ne rentrent pas en conflit avec le bouddhisme. Toutefois, aucun moine bouddhiste n'est présent et les opérations sont dirigées par un chamane, habillé de blanc, spécialisé dans ce genre de cérémonies.
La veille, déjà en présence du chamane et avant de fixer le socle de la maison des esprits, des petits pieux en bois sont plantés dans les fondations et des offrandes y sont déposées.
Le matin avant le début de la cérémonie, les dernières retouches de peinture sont apportées, les colliers de fleurs sont disposés et les rubans de couleurs sont noués autours des piliers.
Pour la suite, le rituel et les postures sont très proches des habitudes bouddhistes :
- des psaumes (bouddhistes ?) sont récités,
- les offrandes sont constituées de bougies, d'encens, de fleurs et de fruits,
- les petites miniatures représentant des personnages, des danseurs, des animaux, sont lavées avant d'être déposées devant ou dans la maison des esprits,
- une statue (plus grande) de Brahma aux quatre visages est également lavée puis installée au centre de la plus grande maison,
- des pétales de fleurs sont jetées sur et autour des maisons des esprits.
Les bougies, les fleurs, l'encens sont laissés sur place mais les fruits sont récupérés et redistribués aux personnes présentes.
La cérémonie a été un peu contrariée par la pluie mais rien de grave...
Lorsque les statues sont installées, chacun vient faire une prière devant les maisons.
Dans notre lotissement, il y a plus de 200 maisons, quasiment toutes habitées désormais. Certains avaient déjà installé eux-mêmes une maison des esprits (plus petite) sur leur propre terrain. Néanmoins de très nombreux résidents s'étaient déplacés pour cette cérémonie (organisée en fait par le promoteur).
L'ambiance était à la fois recueillie pendant la cérémonie elle-même et très conviviale ensuite, une bonne occasion de mieux connaître nos voisins.
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Le terme หมู่บ้าน , prononcez "moo-ban" désigne un ensemble d'habitations :
- en milieu rural, ce serait l'équivalent d'un petit village ou d'un hameau
- dans une ville moyenne, ce serait l'équivalent d'un quartier
- dans une zone plus urbanisée, c'est un lotissement
Le moo-ban n'existe pas au plan administratif puisque, en Thaïlande, la plus petite entité est le tambon ( ตำบล ), à peu près équivalent à une "commune" en France.
Sa Kaeo (3) - Prasat Hin Khao Lon
J'ai déjà évoqué les nombreux vestiges khmers présents dans la province de Sa Kaeo (voir http://lopezthai.over-blog.com/-789).
Voici le Prasat Hin Khao Lon
( ปราสาทเขาโล้น )
Situé dans le district de Ta Phraya, perdu au bout d'une piste en latérite, l'endroit est difficile à trouver (le GPS n'est guère utile !) et n'est de toute façon pas ouvert au public pour l'instant. Installé dans la foret au sommet d'une petite colline, l'accès se fait par un chemin pavé.
Le Prasat comprenait à l'origine 4 tours mais une seule demeure aujourd'hui, entourée d'une grande terrasse et de deux bassins qui lui sont reliés.
A l'intérieur de la tour, une statue de bouddha est entreposée et enveloppée pour ne pas qu'elle se détériore. Le culte est respecté bien sur et comme il se doit, elle fait l'objet d'offrandes même en pleine période de travaux.
La tour est consolidée pour éviter l'effondrement.
Lorsque nous y sommes allés, une équipe était en train de travailler dans le cadre de la réhabilitation du site. Je connais mal les différences entre travail de fouille et de restauration mais ce que j'ai vu ce jour là ressemblait plus pour moi à de la "démolition"...
Par contre, visiblement les pierres "remarquables" étaient répertoriées en vue (sans doute ?) d'une reconstruction.

De toute évidence, le travail est encore important avant que le site ne retrouve sa splendeur passée.
Parfois de taille modeste, pas très évidents à "dénicher", pillés par des trafiquants d'antiquités, beaucoup de ces "Prasat" sont abandonnés depuis de nombreuses années. Désormais, les autorités encouragent les efforts entrepris pour restaurer ces lieux porteurs d'histoire et d'un potentiel touristique évident.
Néanmoins, il faut comprendre que, pour les thaïlandais, laisser un temple à l’abandon n’est pas une hérésie en soi. Conformément aux préceptes bouddhistes, tout être, toute chose a un cycle de vie et de mort... Donc pour cette raison, il n’est pas illogique qu’un temple puisse "mourir", remplacé par un autre, au même emplacement ou ailleurs et ainsi de suite…
Sa Kaeo (1) - Phrasat Sadok Kok Thom

Sa Kaeo, สระแก้ว
est une province frontalière du Cambodge.
De création récente (1993), précédemment rattachée à Prachinburi, elle présente beaucoup de similitudes géographiques et culturelles avec le sud de l'Isaan (Buri Ram et Nakhon Ratchasima).
C'est une province rurale avec plusieurs forets humides et deux parcs nationaux riches en faune sauvage. Dans les années 1980s, après la chute du régime de Pol Pot, les Nations Unies et la Croix Rouge y ont entretenu un immense camp de réfugiés cambodgiens (Khao I Dang).

La région faisait partie du royaume khmer (du 9ème au 15ème siècles de notre ère) et il est logique d'y trouver de nombreuses traces de l'architecture et de la culture khmère de l'époque.
Ainsi, disséminés dans les campagnes, il y a plusieurs
"Phrasat" ( ปราสา )
ce qui se traduit (de manière imparfaite) par "palais" ou "chateau".
Sur le même principe que le Phrasat Hin Phimai, situé plus au nord-ouest, à proximité de Nakhon Ratchasima (voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/01/phimai-isaan-2.html),
ils servaient bien sur à des cérémonies mais ils constituaient aussi des résidences de prestige pour les notables de la région.
Voici le Phrasat Sadok Kok Thom ( ปราสาทสด๊กก๊อกธม ), situé à proximité du village de Khok Sung à l'extreme est de la province (la frontière cambodgienne est à moins de 5 km à vol d'oiseau).
Le Phrasat est bati en grès et en latérite.
Une longue allée pavée mène à l'entrée du palais. Les bâtiments principaux sont dans une grande cour, entourée d'une enceinte.
Ce temple khmer typique date du 11ème siècle. Il est bien sur petit, par rapport aux monuments d'Angkor, la capitale du royaume khmer de l'époque, ou à certains autres sites comparables de l'est de la Thaïlande, mais il présente les mêmes caractéristiques architecturales et symboliques religieuses.

Initialement le temple était dédié à Shiva et au 11ème siècle, sous le règne du roi Udayādityavarman II, il était tenu par des brahmanes d'obédience hindouiste.
A partir du 12ème siècle, l'hindouisme déclina rapidement dans l'empire khmer et le Phrasat devint un lieu de culte bouddhiste.
Le Phrasat Sadok Kok Thom est principalement connu pour avoir abrité une stèle dont le texte (en sanskrit et en ancient Khmer), daté de l'année 1053, énonce la chronologie des anciens souverains du Cambodge du 9ème au 11ème siècle.
Redécouverte en 1884 par l'archéologue et linguiste français Etienne Aymonier, elle fut transférée au Musée National de Bangkok et en partie détruite dans un incendie en 1960.
Durant les années 1970s et 1980s, la région subit les conséquences des conflits qui ravageaient le Cambodge (installation de camps de réfugiés, groupuscules de guérillas politico-mafieuses qui écumaient la région, mines anti-personnel nombreuses) et le site fut laissé à l'abandon.
Dans les années 1990s, les autorités thaïlandaises entreprirent de normaliser la région. Les litiges frontaliers avec le Cambodge étaient (et sont encore) nombreux. Ils n'ont pas dégénéré en conflit armé grave mais ont fait l'objet de plusieurs procédures juridiques internationales dont certaines ne sont toujours pas closes.
Entre autres, le gouvernement cambodgien revendiquait sa souveraineté sur le Phrasat Sadok Kok Thom.
Considérant qu'il est sur leur territoire de manière incontestable, les thaïlandais ont lancé un important programme de réhabilitation du temple dès 1995.
Les investissements continuent pour améliorer les infrastructures autour du temple et en faire une véritable attraction touristique. Les aménagements devraient être terminés d'ici quelques mois et la venue de la Princesse Maha Chakri Sirindhorn (soeur du Roi Rama X) est prévue pour l'inauguration officielle en 2018.

Néanmoins on peut d'ores et déjà louer des vélos (20 baths, 0.50 €... sans limitation de durée) pour une ballade très sympa jusqu'au temple... et avoir ainsi la chance d'apercevoir de magnifiques écureuils blancs qui parcourent les arbres dans la foret environnante.