histoire
160 ans (?) de relations diplomatiques franco-thaïlandaises
Une réception à l'Ambassade de France au début du mois de mars a marqué l'anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Thaïlande.
Cet anniversaire, plutôt anecdotique est également un peu abusif...
En fait 2016 a marqué les 160 ans de la "réinstallation" de l'Ambassade de France en Thaïlande. En 1856, le roi Mongkut (Rama IV) et Napoléon III décidèrent de rétablir des relations diplomatiques interrompues depuis... deux siècles...
XVII ème siècle
Les rapports diplomatiques et commerciaux entre la France et le royaume de Saim débutèrent à l'époque du roi Naraï du Siam (1666-1688) et du roi de France Louis XIV (1643-1715).
En 1662 le royaume d'Ayutthaya (ancienne capitale du Siam) vit l'arrivée de la première équipe de missionnaires jésuites français, dirigée par Mgr de la Motte Lambert et l'évêque de Berytus, et chargée de deux lettres pour le roi du Siam dont l'une de Louis XIV et l'autre du pape Clément IX. Conscient du dessein de Louis XIV de convertir le souverain au catholicisme, le Siam réserva pourtant un accueil privilégié aux représentants de la Cour française. Quant au roi Naraï, il accorda aux jésuites français des terres où ils édifièrent des écoles et des églises.
En 1680, le premier diplomate thaïlandais Phya Pipatkosa embarqua pour la France dans l'objectif d'établir des liens d'amitié avec la cour française; il sombra en mer près de Madagascar. Le roi Naraï envoya en 1684 à Paris une deuxième ambassade siamoise, qui débarqua à Brest puis fut reçue à Versailles.
(voir : http://lopezthai.over-blog.com/-2 )
En 1687, des troupes françaises furent stationnées à Bangkok contre les ambitions anglaises et hollandaises, et une base militaire française fut installée sur la côte est de la baie du Bengale afin de favoriser le commerce franco-thaï.
Le roi Naraï aura eu une riche activité diplomatique avec les Européens. Il fut le premier roi du Siam à recevoir des missionnaires français en 1662 et les ambassadeurs français de Louis XIV en 1685 et 1687. De plus, le roi Naraï avait engagé de nombreux étrangers aux plus hauts postes de l’Etat.
Pourtant à la mort du roi Narai (1688) un sentiment antifrançais se répandit à la cour du nouveau souverain en raison de l'appréhension ressentie à l'égard de la christianisation et du mécontentement vis-à-vis des comportements des missionnaires français qui durent repartir précipitamment dans des circonstances peu agréables.
Le Siam se ferma à l'Occident pendant deux siècles dès la fin du règne de Naraï.
XIX ème siècle
Au début du XIXe siècle, les interventions de l'Occident en Indochine placèrent le Siam dans une situation difficile.
En 1851, avec l'avènement du roi Mongkut (Rama IV) apparurent les prémices de la modernité. Ce roi promut à nouveau une politique d'échanges commerciaux et culturels avec l'Occident. Dès son arrivée au pouvoir, il établit des relations diplomatiques avec l'Europe et les États-Unis.
La réinstallation de l'Ambassade de France, la construction d'églises, d'écoles catholiques et la signature d'accords politiques et commerciaux s'effectuèrent en 1856.
Son successeur, le roi Chulalongkorn (Rama V 1868-1910), poursuivit cette politique d'ouverture aux cultures occidentales comme aux relations extérieures.
(voir http://lopezthai.over-blog.com/2016/10/23-octobre-jour-ferie-en-l-honneur-du-roi-rama-v.html)
Néanmoins, pour préserver son indépendance par rapport aux pouvoirs colonisateurs occidentaux durant cette période, le royaume de Siam fut contraint de céder de nombreux territoires :
- à la France (au Cambodge et Laos)
- à l'Angleterre (en Birmanie et au nord de la Malaisie).
1893 : la guerre franco-siamoise
Le 13 juillet 1893 s'est produit "l'incident de Paknam".
Dans une manoeuvre de provocation délibérée, trois bateaux militaires français se sont présentés à l'embouchure de Paknam en vue de remonter le fleuve Chao Phraya vers Bangkok, défiant ainsi les Siamois qui leur avait interdit l'accès.
Des coups de canon furent échangés entre la flotille française (dont l'un des bateaux s'échoua) et le Fort Chulachomklao. Le bilan des combats fut de 15 morts environ et autant de blessés. Un bateau français échoué fut capturé par les Siamois mais deux autres bateaux français purent remonter le fleuve et jeter l'ancre devant le consulat de France.
Par la suite, la France a décidé d'envoyer des navires de guerre pour bloquer l'accès a Bangkok. Le 29 juillet le blocus était mis en place et dans le même temps, les troupes françaises venues du Cambodge occupaient la province de Chantaburi (au sud-est du pays) afin de contraindre les Siamois à négocier.
Le conflit a pris fin par le Traité de paix et la Convention signés le 3 octobre 1893, aux termes desquels les Français renoncent à mettre le Siam sous protectorat, mais partagent le pays en zones d'influence avec les Britanniques.
La France voit en outre son autorité reconnue sur le Laos, ce qui achève de constituer le territoire de l'Indochine Française.
Par la suite, les relations reprendront normalement et le roi Rama V viendra en France pour une visite d'état en 1897 puis un voyage privé de près de 8 mois en 1907.
XX ème siècle
Le Siam déclare la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie le 22 juillet 1917. Son armée saisit plusieurs navires allemands et un petit corps expéditionnaire est envoyé en Europe. Cela vaut au Siam de figurer parmi les vainqueurs de la première guerre mondiale au Traité de Versailles (28 juin 1919) et parmi les fondateurs de la Société des Nations (ancètre de l'O.N.U.)
Les instigateurs du coup d'état de 1932 s'étaient connus en France (voir http://lopezthai.over-blog.com/2016/10/thailande-ou-siam.html), mais en 1940, la Thaïlande attaque l'Indochine Française. La guerre franco-thaïlandaise dure quelques mois, marquée en particulier par la bataille de Koh Chang (17 janvier 1941) considérée comme la dernière bataille navale remportée par la France.
Les hostilités s'achèvent par la signature du traité du 9 mai 1941 (supervisée par le Japon), par lequel la France restituait à la Thaïlande, des territoires du Laos et du Cambodge. A la fin de la seconde guerre mondiale, ils seront à nouveau restitué à la France par le traité du 27 novembre 1947.
Le gouvernement nationaliste de Phibun s'est allié au Japon, et déclare la guerre aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne le 25 janvier 1942. Peu inquiété à la fin de la guerre, Phibun redevient premier ministre dès 1948.
Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle évoque « la brillante victoire navale du 17 janvier 1941 au cours de laquelle le croiseur La Motte-Picquet et quelques avisos français ont envoyé par le fond la flotte du Siam ».
Dans la période d'après-guerre et jusque dans les années 2000, les relations diplomatiques au plus haut niveau sont quasiment inexistantes.
Il faudra attendre 2003 et le voyage en France du Premier Ministre Thaksin Shinawatra pour que "la France et la Thaïlande s’engagent à ouvrir une ère nouvelle de partenariat et de coopération".
Le Président Jacques Chirac effectuera en février 2006, la première visite d’un chef d’Etat français en Thaïlande... et la seule à ce jour.
Depuis, ont eu lieu en 2012 une visite de la Première Ministre Thaïlandaise Yingluck Shinawatra à Paris et en 2013 du Premier Ministre Français Jean-Marc Ayrault à Bangkok.
La France ainsi que les démocraties occidentales ont condamné le coup d'état de mai 2014 et refusent donc tout contact diplomatique au plus haut niveau avec le gouvernement actuel, dans l'attente de nouvelles élections.
La junte au pouvoir actuellement en Thaïlande n'est certes pas un modèle de vertu démocratique, mais la diplomatie française est souvent moins pointilleuse sur ces principes envers d'autres pays (la Chine, l'Arabie Saoudite, le Tchad ou Cuba pour en citer quelques uns)...
Le Chat "Korat"
Il s'agit d'une race de chat (siamois bien sur !) originaire de la région de Nakhon Ratchasima (aussi appelée Ko Rat), la grande ville du sud de l'Isaan. Il s'agit de l'une des plus anciennes races de chats de Thaïlande (mentionnée dès le 14e siècle).
En Thaïlande, les mythes et légendes abondent au sujet des chats, considérés comme des symboles de bon ou mauvais augure.
Les thaïs considèrent le korat comme un "chat porte-bonheur" (particulièrement s'il a des cassures sur la queue).
En posséder un est un gage de richesse et la tradition veut qu’on offre un couple de chats korat aux jeunes mariés, afin d’apporter le bonheur et la prospérité au sein du nouveau foyer.
Sa couleur est d'un bleu argenté (si-sawat).
Dans le livre thaïlandais des Poèmes de chats ("Tamra Meow"), la description du chat korat est la suivante : « Son poil est doux, aux racines de nuages et aux extrémités d’argent […]. Ses yeux brillent comme la rosée sur la feuille de lotus. »
En 2007, le korat a été la mascotte des SEA Games (jeux d'Asie du Sud-Est) qui se sont déroulés à Nakhon Ratchasima.
Je n'en ai pas vu personnellement mais le sujet est suffisamment important pour être exposé dans le musée historique de Phimaï...
Bonne Année... 2560
Ici on souhaite une bonne année... 2560 !
Donc... 2017 + 543 = 2560... logique !
C'est sous le règne du roi Rama V (voir http://lopezthai.over-blog.com/2016/10/23-octobre-jour-ferie-en-l-honneur-du-roi-rama-v.html), en 1889, que le calendrier solaire va remplacer officiellement le calendrier lunaire (que les thais continuent néanmoins à utiliser pour déterminer la date des fêtes bouddhistes).
Rama V instaure en fait un calendrier grégorien mais avec un début d'année fixé au 1er avril...
Et une année 0 fixée à 1782 (début de la dynastie "Rama", créatrice de la nouvelle capitale, Bangkok).
Puis en 1912, son fils Rama VI va instaurer l'ère bouddhiste
Il faudra attendre 1941 pour que le 1er janvier soit institué comme le début de l'année, décision du premier Ministre Phibun Songkhram qui souhaitait que la Thaïlande "ressemble aux autres pays"...
(voir http://lopezthai.over-blog.com/2016/10/thailande-ou-siam.html)
Ainsi l'année 1940 ne compta que 9 mois (du 1er avril au 31 décembre)... le 1er janvier 1941 devint en Thaïlande le 1 Moggarakom 2484 B.E. (pour Buddhist Era).
Rue de Brest à Bangkok
Le saviez vous ?
Il existe à Bangkok une "Rue de Brest".
En fait, en février 2013, le Soi 36 de Charoen Krung a été rebaptisé en grandes pompes Rue de Brest. C’est là que se trouve l’Ambassade de France depuis plus de 150 ans.
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Il s’agissait de donner la réciproque de la "Rue de Siam" à Brest.

La rue Saint-Pierre (son ancien nom), fut rebaptisée après que trois ambassadeurs du roi Narai, venus par la mer pour rendre visite au roi Louis XIV à Versailles, débarquèrent à Brest en 1686.
Chargés de nombreux présents et accompagnés de leur suite, ils empruntèrent à pied la rue Saint-Pierre pour se rendre à l’hôtel du même nom. Ils émerveillèrent les Brestois qui par la suite, rebaptisèrent la rue...
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1686./ LES AMBASSADEURS DE SIAM./
"La gloire du Roy, s'estoit respanduë jusque dans les parties du monde les plus reculées. Le roy de Siam, l'un des plus puissants princes d'Orient, touché d'admiration, luy envoya des ambassadeurs en 1680, pour luy demander son alliance, & pour rendre hommage à ses vertus.
Ces ambassadeurs firent naufrage. Au bout de cinq ans il en fit partir d'autres, dont la navigation fut plus heureuse, & qui eurent audience du Roy à Versailles le I de Septembre. Le Chef de l'ambassade rendit à sa Majesté la lettre du roy son maistre, & luy offrit de sa part des présens, de tout ce que l'Orient produit de plus rare.
Sa Majesté, informée de la protection particuliére que ce prince donnoit dans son royaume aux Missionnaires d'Europe, reçeut ces ambassadeurs avec des marques singuliéres de bien-veillance pour leur Maistre. Pendant tout leur séjour en France, ils furent défrayez à ses despens : il donna ordre, qu'afin de satisfaire leur curiosité, on les menast visiter les places de Flandre; & les renvoya chargez de présens beaucoup plus riches, que ceux qu'ils avoient apportez"
On voit dans la galerie de Versailles le Roy sur son Thrône, au pied duquel sont les Ambassadeurs du roy de Siam.