L'idée de ce blog est de vous faire partager notre nouvelle vie et de décrire la Thailande telle que nous la pratiquons désormais au quotidien. (lopezthai.over-blog.com)
Les thaïlandais cultivent plusieurs types de riz, ข้าวprononcez "khao", pas moins de 3 500 variétés sont répertoriées et sans doute au moins autant de manière de le cuisiner (!).
On peut distinguer deux grandes catégories :
le riz blanc ordinaire ข้าวเจ้า , prononcez "khao chao". C'est le plus couramment consommé dans le monde.
le riz collant, ou riz gluant ข้าวเหนียว , prononcez "khao niao". Il constitue l'ingrédient de base de la nourriture en Isaan et au Laos (au même titre que le pain en France ou les pommes de terre en Allemagne). Voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/01/l-isaan-pays-du-kao-niao.html
Pour un oeil non averti (comme le mien),il est difficile de les distinguer sur pied, ni même en épi ou en grain...
Il existe de nombreuses variétés qui se différencient par leur cycle de production ou leur utilisation en cuisine.
Le khao hom mali ( ข้าวหอมมะลิ ), "riz jasmin" est le plus connu. Il a été élu à plusieurs reprises (la dernière fois en 2017) comme "le meilleur riz du monde". A l'exportation, il constitue l'emblème de la production thaïlandaise de riz.
มะลิ = "mali"signifie jasmin en thaï et fait ici référence à son parfum, mais le riz n'a strictement rien d'autre à voir avec cette fleur.
A propos des cycles de production, ceux-ci varient selon les régions de Thaïlande et le type d'agriculture pratiquée.
Dans les régions d'agriculture intensive (les grandes plaines du centre du pays principalement) on effectue deux, voire même trois, récoltes par an.Bien entendu, il s'agit d'une production de masse dont beaucoup est exportée et qui recourt sans états d'âme aux engrais chimiques, aux o.g.m. et à la mécanisation.
Le riz produit ainsi est appelé ข้าวนาปัง"khao na prang"ce qui se traduirait par "riz hors saison". Il est plutôt mal considéré par les thaïlandais originaires des régions de production plus traditionnelle (néanmoins, cela ne les empêche pas d'en manger presque quotidiennement en particulier dans tous les restaurants des grandes villes !).
En Isaan, on ne pratique qu'une seule récolte par an, aussi bien pour le khao chao que pour le khao niao, d'où l'expression ข้าวปี"khao pi" qui se traduirait par "riz annuel".
Même si la mécanisation gagne partout du terrain, la production ici reste plus artisanale. Les période du repiquage des plants de riz (en juin) et de la moisson (en novembre) sont des moments importants dans les villages. Le travail est harassant mais ce sont aussi des occasions où les familles se réunissent et font la fête !
On peut aussi citer des productions plus marginales, comme par exemple :
Le riz est cultivé en Thaïlande depuis plus de 5 000 ansmais à l'origine, les thaïs consommait du riz gluant (le "khao niao"). Le riz "ordinaire", aujourd'hui beaucoup plus répandu, y a été introduit en provenance des Indes via les échanges commerciaux au 11ème siècle.
L'expression thaïe pour désigner le riz ordinaire "khao chao" signifie littéralement "riz des nobles". Il fut nommé ainsi car il était consommé dans la haute société, par opposition au riz gluant qui restait l'apanage des familles plus pauvres. Pour ces mêmes raisons, le riz gluant est parfois appelé "khao bao" soit le "riz des esclaves".
22 Novembre 2017
, Rédigé par Gilbert
Publié dans
#Histoire
Ces derniers jours, notre région a accueilli la Revue Navale Internationale 2017 célébrant le 50ème anniversaire de l'ASEAN, dans un premier temps sur la base navale de Sattahip (la plus importante de Thaïlande) puis dans la baie de Pattaya.
De nombreuses festivités étaient organisées : parade militaire sur Beach Road (la route de la plage), feu d’artifice, réunion de militaires de haut rang (en présence du Premier Ministre thaïlandais), défilé et exercices de démonstration des bateaux dans la baie de Pattaya.
Compte tenu des intempéries qui ont un peu contrarié la fête et n’étant pas moi-même très porté sur la chose militaire (qu’elle soit sur terre, sur mer ou dans les airs), nous nous sommes contentés des images relayées abondamment par les télévisions thaïlandaises.
Etaient présents pas moins de 40 navires de guerre et près de 10 000 hommes d’équipages représentant 18 pays + la Thaïlande :
ceux de l’ASEAN (à l’exception du Laos et du Timor Oriental)
les grands pays riverains de l’Océan Indien et du Pacifique (Chine, Corée du Sud, Japon, Inde, Pakistan, SriLanka, Bangladesh, Australie)
les USA et la Russie
Plusieurs autres pays (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, NlleZélande, Canada, Iran, Israel,… Pérou,…) avaient envoyé des représentants de leur marine (de plus ou moins haut rang).
Dimanche dernier en particulier, la parade des équipages a été pour le moins… humide (!), ce qui n’a pas découragé les marins qui défilaient ni de nombreux spectateurs (et spectatrices !) présents sur le parcours. A l’applaudimètre, les marins américains, australiens et russes ont obtenu le plus gros succès... ainsi que les thaïlandais bien entendu !
Cette manifestation prestigieuse commémore le cinquantenaire de l’ASEAN (Association des Nations du Sud-est Asiatique) fondée le 8 août 1967 à Bangkok. Aujourd’hui, ce sont 11 pays d’Asie du sud-Est qui coopèrent dans le cadre de cette organisation, principalement dans les domaines économique et… sportif (voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/08/sea-games-2017.html).
A la différence de la Communauté Européenne ou de l’OTAN, aucune structure commune n’existe au plan politique, policier ou militaire.
La date du 20 novembre correspond également au "Royal Thai Navy Day" ( วันกองทัพเรือprononcez "Wan Kongthap Ruea", "jour de la Marine Royale").
Etablie en 1906 par le Prince-Amiral Abhakara Kiartivongse, la Marine Royale Thaïlandaise compte aujourd’hui 71 000 soldats et 7 bases navales dans le pays.
Son nom officiel est
กองทัพเรือไทย
prononcez "Kong Thap Ruea Thai", et désignée communément comme
Sanam Luangest l'une des plus grandes places urbaines au monde. (121 406 mètres carrés, soit 12 ha environ, l'équivalent de la Place des Quinconces à Bordeaux).
Son nom thaï :
สนามหลวง
signifie "place royale"
(สนาม = place,parc,champ / หลวง = royal)
(du coup l'expression "Place Sanam Luang" est en fait un pléonasme...)
Au centre historique de Bangkok, elle se situe en face du Grand Palais et du Wat Phra Kaeo, les deux monuments les plus emblématiques de la capitale thaïlandaise.
Son ancien nom Thung Phra Men (ทุ่งพระเมรุ) faisait référence à son utilisation comme lieu de la crémation des rois, des reines et des personnalités de haut rang depuis le règne du roi Rama Ier (18ème siècle).
Le deuil national pour le Roi Bhumibol a pris une dimension particulière ce samedi 22 octobre, avec un gigantesque rassemblement dans le centre historique de Bangkok pour entonner l'Hymne royal... à
Après le démantèlement du crématorium royal, la place a vocation à redevenir ce qu’elle est depuis des siècles : un espace libre dont peuvent profiter les promeneurs, les familles, les touristes,... et où ont lieu très régulièrement des parades et manifestations liées (entre autres) aux événements royaux.
Au fil du temps, d'autres cérémonies (dont certaines beaucoup moins solennelles) y furent organisées : cérémonie annuelle du "Labour royal" en mai, célébration du bicentenaire de Bangkok, festivités pour l'anniversaire du Roi, concours de cerf-volants au moment de Songkran. Elle fut même utilisée comme parcours de golf !
Voici des photos de Sanam Luang, datant de 1990,où l'on peut voir des enfants jouant avec des cerf-volants...
Loy Kratong est célébré chaque année le jour de pleine lune du 12ème mois lunaire qui tombe à une date variable en novembre. Cette année, ce sera vendredi 3 novembre 2017.
Même si elle n'est pas une fête bouddhiste à proprement parler, cette célébration mêle des rites bouddhiques et brahmaniques. Plusieurs légendes y sont attachées et son origine exacte reste controversée.
La tradition thaïlandaise fait remonter son origine à la période du royaume de Sukhothai (13ème-14ème siècles).
Le "Chong Prieng" était un rituel pratiqué à cette époque, pour lequel les habitants faisaient flotter toutes formes de lanternes à la surface de l'eau.
King Si Indrathit
Nang Noppamas (นางนพมาศ) était la fille talentueuse d'un prêtre brahmane qui servait à la cour du Roi Pra-Ruang (aussi nommé Si Inthrathit) qui a régné de 1238 à 1270.
Après une promenade en soirée, elle eut l'idée de réaliser une lanterne flottante et lui donna la forme d'une fleur de lotus. Elle la présenta au roi en lui récitant plusieurs poèmes. Il se dit que le roi fut si ravi qu'il encouragea la création d’autres lanternes. Le Roi introduit des concepts bouddhistes afin de mieux adapter aux coutumes locales cette pratique brahmane devenue très vite populaire, particulièrement lors de la pleine lune du 12e mois lunaire car le ciel est dégagé et lumineux.
Une variante de cette histoire indique que le Roi Pra-Ruang décida d’organiser un concours de lanternes flottantes. Nang Noppamas, agée dix-sept ans, eut l’idée d’assembler un tronc et des feuilles de bananier pour former une fleur de lotus sur laquelle elle fixa une bougie. Elle remporta le concours à l’unanimité. Le roi, charmé par la grâce et la modestie de la jeune fille, en fit sa favorite et déclara que chaque année serait organisée la "Fête des Lumières".
Pourtant cette belle histoire n'est qu'une légende... apparue dans un poème au 19ème siècle. Nang Noppamas en était l'héroïne et rien ne prouve qu'elle ait réellement existé...
En fait, des rites similaires se déroulaient lors de la fête hindoue de Divali en Inde, en l'honneur du fleuve sacré, le Gange. D'après les écrits du Roi Rama IV (en 1863), cette fête brahmanique fut adaptée par les bouddhistes thaïlandais pour rendre hommage au Bouddha (Siddhartha Gautama).
La lumière (une bougie sur le petit radeau) manifeste la vénération envers le Bouddha et le fait d'envoyer le kratong au fil de l'eau symbolise l'abandon des rancunes, colères et souillures accumulées dans l'année afin de pouvoir repartir d’un bon pied. Pour la même raison, on place aussi sur le radeau une mèche de cheveux ou ses ongles coupés, qui symbolisent les mauvais aspects de soi.
De plus, comme les kratongs sont également censés emporter au loin la malchance, les soucis et toutes les mauvaises influences, tous ceux qui les font flotter forment des voeux et espèrent que l'année qui vient leur portera bonheur.
Et quelle que soit la légende associée à la fête des Lumières, elle est une occasion pour les thaïlandais d'honorer et remercier Phra Mae Khongkha ( พระแม่คงคา ), déesse des eaux, version thaïe de Ganga ou Jaahnavi qui personnifie le fleuve sacré Gange dans la mythologie hindouiste.
La fête de Loy Kratong est souvent illustrée par des images de lanternes ascendantes dans le ciel, qui en fait, ne sont pas conformes à la tradition historique qui lui donne son nom. En thaï, le mot ลอย = "Loy" signifie "flotter".
Les lanternes dans le ciel sont venues plus tard et sont plus une tradition de Chiang Mai et du Yee Peng Festival qui se tient en même temps. (Elles sont d’ailleurs interdites à Bangkok depuis plusieurs années).
Les cérémonies funéraires du Roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) se sont achevées,marquant ainsi la fin officielle du deuil national instauré après son décès le 13 octobre 2016.
Le faste, la solennité et la ferveur avec lesquels tout le pays a rendu un dernier hommage au Roi défunt étaient impressionnants, à la mesure de ce moment historique.
Après la crémation jeudi dernier, se sont tenues les dernières cérémonies :
vendredi, le recueil des restes du roi défunt, mis dans 6 urnes funéraires(l'opération étant effectuée par son fils, le roi Rama X lui-même)
les cendres ont été transférées au Wat Phra Kaeo (le Temple du Bouddha d'Emeraude)
les reliques retournent au Grand Palais, entreposées avec les reliques des autres rois au 3e étage du Chakri Maha Prasat Throne Hall où se trouve le Heavenly Abode (demeure céleste).
(pour précision, les "reliques" sont les os qui n'ont pas été réduits à l'état de cendres)
dimanche : dernières processions pour transférer les urnes contenant les cendres du Roi Bhumibol du Wat Phra Kaeo vers les deux temples (choisis par lui) où elles seront ensevelies, le Wat Ratchabophit et leWat Bowon Nivet.
Au cours de ces rites, postérieurs à la crémation, les moines bouddhistes étaient beaucoup plus présents que lors de la journée du 26 octobre.
A partir d'aujourd'hui, le pays retrouve une configuration "normale" :
les fonctionnaires, les employés de banque ne sont plus tenus à porter des vêtements de deuil,
les rubans blancs et noirs qui avaient été installés partout dans le pays sur les bâtiments, les magasins, les avenues,... sont enlevés,
les chaînes de télé ont repris leur programmes habituels et les lieux de divertissement sont prêts à accueillir leurs clients chaleureusement,
les fêtes et animations dans les temples, les écoles, les stades retrouvent leur cours normal,
etc...
Nul doute néanmoins que le culte du Roi Bhumibol va perdurer car il s'est d'ores et déjà imposé comme une icone dans le coeur des thaïlandais dans la lignée de ses prédécesseurs (Taksin, Chulalongkorn en particulier).
Ses portraits garderont aisément leurs places dans les lieux publics ainsi que dans de nombreux foyers. On peut également penser que des statues seront érigées prochainement dans plusieurs régions du royaume.
A Bangkok, le Grand Palais et le Wat Phra Kaeo ont été rouverts aux touristes dès ce matin.
Le Crématorium Royalsitué sur Sanam Luang et construit spécialement pour les funérailles du Roi Bhumibol Adulyadej sera ouvert au public à partir du 02/11 et pendant tout le mois de novembre, mais sera ensuite entièrement démantelé.
Le site devrait accueillir environ 100 000 personnes par jour ( de 7h à 22h) pour 1h environ. Une répartition par "quotas" est d'ores et déjà prévue afin de privilégier les visiteurs thaïlandais; ainsi seulement 8 000 places / jour seront attribuées aux étrangers.
Certains pourraient s’étonner qu’un tel monument ne soit pas conservé...
En fait il faut comprendre que malgré sa magnificence, le crématorium est un édifice temporaireet selon les croyances hindouistes et bouddhistes qui régissent les funérailles royales, il ne doit pas perdurer. Ne pas le démanteler serait considéré comme un mauvais augurepour l’âme du défunt qui l'a définitivement quitté lors de la crémation.
Voici une série d'articles se rapportant au deuil national qui frappe la Thaïlande depuis le décès du Roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) le 13 octobre 2016 . Survenue au terme de 70 ans de règne...
Le Parc Rajabhakti, situé dans la province de Prachuap Khiri Khan, est unmonument érigé à la gloire des rois du Siam.
Le nom en thaï อุทยานราชภักดิ์ , prononcez "Rajabhakti Park", qui lui a été donné par le Roi Bhumibol (Rama IX décédé en octobre 2016), signifie "le parc bâti grâce au dévouement du peuple envers les monarques".
Sur une grande esplanade (en plein soleil !) sont installées 7 statues monumentales (14 m de haut) en bronze, représentant les 7 rois considérés comme les plus prestigieux dans l'histoire du Siam (devenu Thaïlande aujourd'hui).
l'un de la période Sukhothai(13ème siècle): Ram Khamhaeng
deux de la période Ayutthaya(16ème-17ème siècles) : Naresuan et Naraï
l'un de la période Thonburi(18ème siècle) : Taksin
trois de la dynastie Chakri, régnante aujourd'hui (19ème et 20ème siècle) : Buddha Yodfa Chulaloke, Mongkut, Chulalongkorn, respectivement Rama Ier, Rama IV et Rama V.
Un espace est aménagé où les visiteurs peuvent déposer des offrandes de fleurs en l'honneur des rois statufiés et l'on peut aussi faire quelques achats dans une boutique de souvenirs.
A l'avenir, le nombre de statues devrait en principe être porté à 9(chiffre symbolique).
Compte tenu de son prestige auprès des thaïlandais, il est probable que le Roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX) y trouvera sa place dans un futur proche.
Le parc est récent, inauguré en septembre 2015 par le (futur) roi Maha Vajiralongkorn, Rama X.
Il est très vite devenu une attraction incontournable pour les touristes thaïlandais, très nombreux dans cette région. C’est un peu moins le cas pour les touristes occidentaux à moins d’être passionné par l’Histoire et la Royauté de la Thaïlande.
La localisation précise du parc est à proximité deHua Hin, une station balnéaire située à seulement 200 km au sud de Bangkok, très fréquentée par les touristes, étrangers aussi bien que thaïlandais.
Le parc a été construit et est administré par une fondation gérée par l’Armée Thaïlandaise, qui a fait l’objet de soupçons de corruption et de gaspillage… La dernière polémique en date concerne un bâtiment devant abriter des magasins et des toilettes dont le coût atteint 16 millions de baths (env. 400 000 €) !…
De nombreuses fleurs ont été collectées ou acheminées à Sanam Luang mais bien évidemment il était impossible qu'elles soient toutes brûlées sur le seul site du Crématorium Royal.
En fait, il y avait de nombreux lieux de collecte dans tout le pays :
auprès des 85 répliques du crématorium royal installées dans les capitales provinciales et dans plusieurs quartiers de Bangkok.
dans d'autres villes également, où se trouvent les temples royaux(on en compte environ 200 en Thaïlande).
Ainsi pour Pattaya et sa région, il s'agit du Wat Chaimongkol, situé en plein centre-ville et donc pas très facile d'accès.
La circulation et le parking avait été interdits dès la veille au soir dans les rues autour du Temple. Elles étaient noires de monde (au propre comme au figuré) dès 7h du matin jusqu'à tard dans la nuit. Les files d'attente étaient impressionnantes, il fallait plusieurs heures d'attente avant de pouvoir pénétrer dans l'enceinte du temple.
Pendant toute la journée du 26 octobre, le lieu a été carrément envahi par des millers de personnes venues rendre hommage au Roi en déposant des fleurs artificielles auprès d'un petit monument dont les éléments étaient inspirés du crématorium de Sanam Luang.
Une cérémonie s'est tenue dans la soirée pour mettre le feu aux milliers de fleurs entassées durant la journée.
Partout dans le pays, les cendres de ces fleurs seront ensuite dispersées dans la mer ou les rivières.
Incontestablement, le 26 octobre 2017 restera dans l'histoire de la Thaïlande.
Comme on pouvait s'y attendre, les funérailles du Roi Bhumibol Adulyadej ont donné lieu à des cérémonies grandioses démontrant la puissance des traditions dans ce pays.
La matinée a été consacrée aux processions solennelles pour transporter l'urne royale du Grand Palais au Crématorium Royal construit spécialement pour l'occasion sur Sanam Luang.
3 processions ont eu lieu successivement :
1°/ après avoir été extraite de la salle du Trône au Grand Palais, l'urne a été acheminée vers leWat Po (Temple du Bouddha couché).
Sur l'esplanade devant le crématorium l'urne a été transférée sur "Ratcharot Puenyai", le Chariot à Canon.
3°/ le cortège a effectué 3 fois le tour du crématorium (dans le sens inverse des aiguilles d'une montre).
Ensuite l'urne a été hissée au sommet du crématorium avant que les rideaux ne se referment.
L'ordonnancement des processions était très… militaire (musique martiale, défilé au pas, officiers de haut rang en bonne place, coups de canon…).
La "société civile", comme nous l’appelons en France, en était absente.
Le noir était finalement assez peu présent dans le cortège : dorures des chariots et de l’urne royale, mélange de bois précieux, d’or et de diamants, tenues d’apparat blanche des officiers, costumes et uniformes de couleurs rouge, orange, bleue, jaune, casques roses, bleus pour les soldats(le style de certains uniformes rappelle fortement ceux des « guards » anglais).
Un aspect assez anachronique de ce cérémonial empreint de recueillement, c’est qu’il se tient face àune urne funéraire, splendide certes, mais... vide...
Le corps du Roi défunt se trouve en fait dans un cercueil et celui-ci a été acheminé dans la tour centrale du crématorium dès la nuit précédente et en toute discrétion...
Contrairement à ce que j'ai pu écrire dans un précédent article, l'urne ainsi que le cercueil du Roi sont confectionnés en bois de "Kalamet" (le "Mai Chan Hom"),considéré comme "l'arbre royal".
Ce bois, effectivement proche du bois de santal, provient d'un arbre "mort" le "kalamet" qui ne possède aucune feuille.
Il est extrêmement rare (seulement 12 arbres sont recensés dans la foret de Kui Buri dans la province de Prachuap Khiri Khan).
Un article (en anglais) pour en savoir plus sur l' "arbre royal" , le Kalamet
Les moines bouddhistes interviennent peu dans ces processions, un seul dignitaire religieux était transporté sur un palanquin, récitant des mantras.
Tous ces rituels sont d'inspiration essentiellement hindouiste, d'où la présence, non de moines bouddhistes, mais de brahmanes habillés en blanc autour de l'urne funéraire.
Le roi, considéré comme l’incarnation du dieu hindou Vishnu, retourne parmi les autres dieux, sur le mont Méru, le centre symbolique de l’univers. Ce centre de l’univers est représenté par le crématorium.
Les cérémonies ont bénéficié d'une météo favorable (seul un orage a éclaté en fin de journée), au diapason de la solennité du moment.
Il faut remarquer également qu'aucun véhicule à moteur ni aucune machinerie électrique n'ont été utilisés.
Tous les déplacements se font exclusivement à la force des hommes.
Seules concessions à la modernité : la sonorisation du site et la présence des caméras de télévision… discrètes (pas d’hélicoptères bruyants en particulier).
Après la cérémonie bouddhiste et la présentation des délégations étrangères, la crémation proprement dite s'est tenue à l'abri des regards en la seule présence de la famille royale.
Pendant ce temps, les télévisions ont retransmis les spectacles qui étaient présentés devant le crématorium : danses traditionnelles, musique classique, théâtre de marionnettes (voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/10/deuil-national.html).
Vers 23h, la fumée s'échappait du crématorium.
Parmi les membres de la famille royale,le Roi Rama X, qui a succédé à son père, présidait bien entendu les cérémonies.
Sa sœur,laPrincesse Maha Chakri Sirindornétait présente à ses cotés tout au long de la journée.
La Princesse Chulaborn Walailak(cadette des enfants), handicapée n’a pas participé aux processions mais a assisté aux cérémonies à Sanam Luang. Idem en ce qui concerne laPrincesse Ubolratana Rajakanya (mais pour une autre raison : fille aînée du roi défunt, celle-ci avait abandonné ses titres royaux suite à son mariage et son déménagement aux USA en 1972; revenue définitivement en Thaïlande en 2001 après son divorce, elle conserve le titre de « Fille du souverain avec la Reine » mais sans reprendre un rang équivalent à ses frère et sœurs).
Quant à la Reine Sirikit(85 ans, épouse du Roi Bhumibol), gravement diminuée par la maladie, elle n’est pas apparue, en tous cas publiquement.
Au lendemain de la crémation, d'autres rituels se sont déroulés aujourd'hui vendredi 27 :
collecte des cendres royales par le Roi Rama X lui-même, réparties en 6 urnes
transfert de ces urnes au Grand Palais dans le hall du Trône
tenues d'autres cérémonies bouddhistes en présence de la famille royale.
L'enfouissement définitif des cendres royales est prévu dimanche 29 octobre après une dernière procession vers les temples choisis par le Roi Rama IX : le Wat Ratchabophit et le Wat Bowon Nivet.