Les 100 ans du Trairanga
Trairanga est le nom donné au drapeau de la Thaïlande.
En thaï son nom est ธงไตรรงค์ , prononcez "Thong Trairong", ce qui signifie "drapeau tricolore".
Sur décision du Roi Vajiravudh (Rama VI), il fut adopté et hissé pour la première fois sous sa forme actuelle le 28 septembre 1917.
En fait, un design identique mais avec la bande centrale rouge et non bleue, était en vigueur depuis un an.
La première guerre mondiale faisait rage et le Siam venant de déclarer la guerre à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie (en juillet 1917), certains historiens voient dans l'introduction du bleu sur le drapeau national une manière de manifester sa solidarité aux Alliés (France, Grande-Bretagne, Russie, USA) dont les drapeaux arboraient tous, les trois couleurs bleu-blanc-rouge.
Il se trouve que le bleu indigo était également la couleur emblématique du Roi Rama Vi car celui-ci était né un samedi (chaque jour de la semaine est associé à une couleur en Thaïlande).
Les trois couleurs représentent :
- le rouge = le territoire, la nation et la solidarité entre les Thaïs
- le blanc = la religion
- le bleu = le Roi, la monarchie
Avant d'adopter le Trairanga, le Royaume de Siam a connu plusieurs drapeaux.
Au 17eme siècle sous le règne du Roi Naraï, les premières emblèmes utilisées par les navires siamois étaient des drapeaux unis de couleur rouge.
Au début du 19ème siècle, le roi Rama Ier fit dessiner une roue de Chakra (symbole de la nouvelle dynastie).
Son successeur Rama II y ajouta un éléphant blanc en son centre (vers 1820).
Mais c'est en 1855 que le roi Mongkut (Rama IV) décida de créer le premier véritable drapeau officiel du Royaume de Siam. Sur fond rouge, un éléphant blanc est dessiné, face tournée vers la hampe. En thaï, ce drapeau avait pour nom ธงช้างเผือก , prononcez "Thong Chang Pua", ce qui veut dire "le drapeau à l'éléphant blanc".
A la fin du 19ème siècle le drapeau fut légèrement modifié pour représenter l'éléphant en tenue d'apparat. C'est ce drapeau qui était en vigueur jusqu'à l' "incident" de mars 1916.
Le 12 Septembre 1916, le Roi Vajiravudh (RamaVI) en visite sur les lieux d'une inondation, vit un drapeau à l'envers sur son mat, montrant l'éléphant dans une position fort peu royale !
Pour éviter qu'un tel outrage ne se reproduise, le Roi décida de retirer l'éléphant et le nouveau drapeau fut dessiné avec 5 bandes en rouge et blanc.
Cette version eut une durée d'utilisation très courte et fut donc remplacée par le Trairanga... il y a précisément 100 ans aujourd'hui.
A noter que l'éléphant blanc reste présent encore aujourd'hui sur les emblèmes de la marine royale thaïlandaise.
Brièvement, durant la seconde guerre mondiale (1941-1945), la Thaïlande, devenue alliée du Japon, reprit son drapeau d’avant 1916.
Les thaïlandais sont très fiers de leurs couleurs et le drapeau national s'affiche en permanence et absolument partout, souvent couplé aux emblèmes de la famille royale :
- dans toutes les administrations et au fronton des bâtiments officiels bien sur
- dans les écoles, les universités, les hôpitaux, les terrains de sport,
- dans les temples,
- dans les centres commerciaux, sur les terrasses des hotels, des restaurants
- à tous les coins de rue (au sens propre du terme !)
mais aussi et surtout chez les particuliers, sur le portail, sur la terrasse, devant la porte, etc...
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A propos du changement de nom de Siam à Thaïlande, voyez ces articles :
Fruit de saison (8) - Les "putsa chin"
J'ai déjà évoqué sur le blog la jujube, en thaï : พุทรา prononcez "putsa"
et plus précidément sa version "putsa nom sot" dont la saison se situe en début d'année.
(voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/01/putsa-nom-xx.html)
En ce moment sur les marchés on trouve d'autres variétés de "putsa", de couleur jaune ou marron, très sucrés.
Cette variété est cultivée dans le nord de la Thaïlande mais le fruit est originaire de Chine, d'où son nom en thaï พุทราจีน, prononcez "putsa chin".
Certains fruits sont de toute petite taille, pas plus gros que des cerises ou des amandes pour certains.
La couleur foncée, presque noire, n'est pas forcement l'indicateur de maturité. Certains fruits, même bien murs et sucrés, gardent leur couleur verte.
La chair est croquante et juteuse, le noyau n'est pas plus gros que celui d'une cerise voire même inexistant dans les plus petits fruits.
La Residence de France à Bangkok
Lors de la récente journée du patrimoine, nous avons eu l'occasion de visiter la Résidence de France à Bangkok.
On y accède par un soï rebaptisé "Rue de Brest" (voir http://lopezthai.over-blog.com/-2)
Dans ce quartier de Bangkok, au bord du Chao Phraya, les bâtiments anciens sont nombreux. Vu du fleuve, la Résidence est intercalée entre l'emblématique hotel "Oriental", fondé en 1876, et la "Old Customs House", un grand batiment datant de 1890, à la facade spectaculaire mais aujourd'hui en ruines.
Occupé précédemment par des services douaniers, le bâtiment, de style colonial, fut d'abord mis à la disposition du premier consul de France au Siam (le comte de Castelnau) en 1858. De nombreux travaux d'assainissement et de rénovation furent nécessaires, puis il fut offert à la France par le Roi Chulalongkorn (Rama V) en 1875, soit 17 ans après que l'ambassade de France à Bangkok s'y fut réinstallée.
(voir http://lopezthai.over-blog.com/2017/03/160-ans-de-relations-diplomatiques-franco-thailandaises.html)
Malgré plusieurs projets de déménagements avortés, l'occupation par les japonais pendant la seconde guerre mondiale, l'Ambassade de France fut maintenue à cet endroit. Les travaux d'aménagement et d'agrandissement furent nombreux dès le début du 20ème siècle, particulièrement en 1956 et tout au long des années 1960. En octobre 2000, un programme complet de rénovation fut lancé, qui modifia de façon majeure l’aspect originel de la résidence.
A l'intérieur, le mobilier, la décoration, la vaisselle mélangent des éléments thaïs et français.
Pour l'anecdote, la piscine de la résidence est un don de la société Ital-Thai en dédommagement des perturbations provoquées à l'époque (1972) par la construction de la "River Wing", nouvelle aile de l'hotel Oriental...
(elle fait partie des espaces privatifs)
La résidence de l'ambassadeur de France jouxte l'Ambassade elle-même, bâtiment récent à l'allure de bunker qui se veut "une vision très contemporaine de l'architecture locale"...