L'ACTU du 2ème trimestre 2023
Sur cette page, je parle de ce qui fait la une des médias en Thaïlande. Le traitement de l'actualité et l'importance accordée à certains événements peuvent être très différents en Thaïlande et en France… question de point de vue !...
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La nouvelle Assemblée Nationale issue des élections du 14 mai dernier entrera en session lundi 3 juillet lors d’une cérémonie présidée par le roi Rama X et en présence du Premier Ministre et du gouvernement sortants.
Lundi dernier (19/06) la Commission Electorale a certifié l’ensemble des résultats de l’élection du 14 mai dernier permettant aux 500 députés nouvellement élus de s’enregistrer officiellement en tant que tels.
Cette décision plus rapide que prévue a permis d’avancer le processus institutionnel qui doit mener au choix d’un nouveau Premier Ministre et à l’installation de son gouvernement.
La première échéance sera l’élection du Président de l’Assemblée.
Ce vote qui devrait intervenir le 4 juillet est très attendu car depuis plusieurs jours, il fait l’objet de tensions entre les deux principaux partis de la coalition dite "pro-démocratie" qui s’est constituée après les élections.
Ce poste est important car il permet dans une certaine mesure d’orienter les débats et l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale. Son précédent titulaire était Chuan Leekpai, ancien Premier Ministre, issu des rangs du Parti Démocrate qui n’était pourtant que le 4ème en nombre de députés.
Le Move Forward Party , arrivé en tête en voix ainsi qu’en nombre de députés, souhaite faire élire un de ses représentants...
...mais le Pheu Thai Party (qui n’a que 10 députés de moins à l’Assemblée) revendique également le poste.
Les deux partenaires essaieront de se mettre d’accord la semaine prochaine.
Viendra ensuite l’élection du Premier Ministre (probablement le 13 juillet) par le Parlement au complet (les 500 députés étant rejoints par les 250 sénateurs nommés en 2018 par la junte qui avait pris le pouvoir en 2014).
Le choix de Pita Limjaroenrat en tant que futur Premier Ministre, bien que logique d’un point de vue démocratique, reste encore très incertain pour plusieurs raisons :
- la coalition des 8 partis "pro-démocratie" constituée après les élections, ne rassemble que 312 députés, il faudra donc impérativement que d’autres députés et/ou sénateurs joignent leurs votes pour atteindre la majorité absolue de 376 voix, indispensable pour être élu Premier Ministre.
- à ce stade, l’entreprise de séduction semble difficile et aléatoire compte tenu de l’image et du programme présentés par le MFP et son leader au cours de la campagne.
- Pita est également visé par plusieurs procédures (de la part de la Commission Electorale et du Sénat) qui pourraient conduire la Cour Constitutionnelle a prononcer son inéligibilité, voire même à invalider son élection en tant que député.
Même s’il est peu probable qu’une décision définitive n’intervienne dans les prochaines semaines, ces menaces judiciaires contribuent à miner sa crédibilité parmi les parlementaires du camp adverse.
- en cas de blocage , le parti Pheu Thai pourrait être tenté de présenter un de ses candidats, plus consensuel, avec le risque de voir voler en éclat l’accord de gouvernement signé avec le MFP.
Le parti Move Forward , arrivé en tête des récentes élections législatives avec 152 sièges,
- voir cet article -
a pu former
une coalition de 8 partis
réunissant 313 députés
avec pour objectif de porter son leader
Pita Limjaroenrat
au poste de Premier Ministre.
En d’autres temps, le parti Move Forward avait fustigé les compromissions, débauchages, revirements,… qui étaient la norme dans le contexte politique thaïlandais "traditionnel"…
Reste que l’alliance avec le parti Pheu Thai semblait à la fois naturelle (compte tenu de leur combat commun contre les militaires) et indispensable (pour accéder au pouvoir).
Hier, 22 mai, marquait le 9ème anniversaire du coup d’état de 2014 qui avait porté au pouvoir le Général Prayut Chan-O-Cha, largement battu dans les urnes le 14 mai dernier.
La nouvelle coalition avait choisi cette date symbolique pour dévoiler un protocole d’accord en 23 points qui se veut une plate-forme de gouvernement.
En Thaïlande, la signature d’un document de ce type est une première pour une coalition et devrait permettre de consolider l’alliance entre ses deux principales composantes, Move Forward et Pheu Thai.
La semaine dernière a donné lieu à d’intenses négociations afin de formaliser un texte suffisamment consensuel.
L’abolition du service militaire et la révision de la constitution y sont présents mais la modification de l’article 112 en a été exclue.
La notion de lèse-majesté et la législation qui s’y réfère sont des sujets particulièrement sensibles dans le débat public et de nombreux politiciens thaïlandais, y compris parmi les partis de la coalition, les considèrent comme intangibles.
L’élection du Premier Ministre n’interviendra qu’en juillet et d’ici là,
Pita Limjaroenrat a besoin de rassembler sur son nom des votes venant de députés hors de sa coalition et/ou de sénateurs.
Même si quelques uns se disent prêts à prendre en compte le verdict des urnes, sa volonté réformiste, ses intentions réaffirmées pour réviser la législation lèse-majesté et réduire l’influence des militaires sont autant de repoussoirs pour les conservateurs les plus irréductibles.
D'autres incertitudes, d'ordre juridique, planent sur l'avenir politique de Move Forward et de son leader.
Certains opposants conservateurs et royalistes cherchent à invalider la victoire électorale du MFP par la voie judiciaire.
Deux plaintes ont déjà été déposées auprès de la commission électorale :
- l'une vise Pita Limjaroenrat, arguant qu'il serait actionnaire d'une entreprise de média, ce qui est interdit pour un candidat aux élections selon la loi thaïlandaise.
- l'autre vise le parti Move Forward dont le projet de réviser l'article 112 serait assimilé à une attaque contre l'institution monarchique.
Même si les intéressés n'affichent aucune inquiétude à ce stade,
il faut rappeler que des procédures très similaires avaient abouti en 2020 à la dissolution du parti
<<<< Future Forward
(prédécesseur de Move Forward) et à l'interdiction de toute activité politique pour ses dirigeants.
07-05-2023 : Le roi de Thaïlande a assisté au couronnement de Charles III.
Comme partout dans le monde, les médias thaïlandais ont largement évoqué le couronnement de Charles III.
Le roi Rama X et la reine Suthida se sont rendus à Londres pour l’occasion.
Il s’agissait du premier voyage officiel à l’étranger du roi de Thaïlande depuis son intronisation.
Ils étaient parmi les 2000 invités de la réception donnée vendredi soir en présence de nombreuses autres têtes couronnées.
Ils ont également assisté à la cérémonie du couronnement dans l’Abbaye de Westminster.
Bien que les contextes historique et politique soient très différents, la monarchie thaïlandaise comporte certaines similitudes avec celle du Royaume-Uni…
et le faste de ce couronnement n’est pas sans rappeler celui de Rama X en mai 2019.
Dans le processus électoral menant aux législatives du 14 mai prochain, la semaine dernière était consacrée à l’enregistrement des candidatures.
Les leaders politiques et leurs nombreux supporters s’étaient mobilisés pour l’occasion.
Au total 6 679 candidatures issues de 70 partis politiques ont été répertoriées (certaines pourraient néanmoins être invalidées)...
soit en moyenne, plus de 13 candidats/siège à pourvoir.
- 4 781 candidats dans les 400 circonscriptions territoriales
- 1 898 candidats pour les 100 sièges attribués nationalement sur des listes formées par 67 partis politiques différents.
De tels chiffres pourraient s’interpréter comme un indice de pluralité démocratique…
...mais il faut y voir plutôt le signe du morcellement de la vie politique, soumise aux arrangements politiciens, encouragés par un mode de scrutin inconstant (!) et peu propice à la stabilité gouvernementale.
Un autre moment important était le tirage au sort des numéros attribués à chaque parti pour le scrutin de liste nationale.
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Outre l’aspect pratique (c’est un numéro que les votants devront cocher sur leur bulletin de vote), la numérologie est considérée avec beaucoup de sérieux en Thaïlande.
Candidats et électeurs ne manqueront pas d’analyser l’impact de ce que tel ou tel chiffre/nombre soit associé à leur campagne électorale.
<<<< Les militants se sont empressés de reporter sur leurs affiches le numéro attribué à leur parti.
Partout en Thaïlande, les pancartes et affiches électorales vont se multiplier au point d’envahir tout l’espace public à certains endroits.
Comme tous les ans à cette époque, les feux se multiplient dans les campagnes et les forêts thaïlandaises.
Ces pratiques plus ou moins traditionnelles se sont intensifiées ces dernières années au point de provoquer une pollution atmosphérique spectaculaire, particulièrement dans le nord du pays.
<<<< Chiang Mai est très régulièrement citée parmi les villes les plus polluées du monde depuis plusieurs semaines.
Ce problème est commun à plusieurs pays d’Asie du Sud-Est (Birmanie, Laos, Cambodge) et suivant la météo (sécheresse, vents) de nombreuses régions en subissent les conséquences, y compris en zones urbaines où les fumées venues des campagnes peuvent se mélanger à la pollution industrielle lors de la saison chaude.
Comme tous les ans également, les autorités réaffirment leur volonté d’éradiquer ce phénomène… avec bien peu de résultats.
Plus inhabituels en Thaïlande, des feux de forêt comparables à ceux que l’on les connaît tous les étés en Europe ou en Californie, se sont déclarés dans la province de Nakhon Nayok (à moins de 100 km au nord de Bangkok).
Ces feux dont l’origine serait la foudre, ont mobilisé d’importants effectifs de pompiers ainsi que des hélicoptères bombardiers d’eau.
Plus de 100 ha de foret sont partis en fumée sur les pentes de Khao Chaphlu et Khao Laem (dans une zone proche du Parc National de Khao Yai).
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